Vers la pulvérisation ultra-localisée !
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Pulvériser en ultra-localisé ? C’est pulvériser uniquement sur l’adventice. La technologie ? Des capteurs optiques, de l’intelligence artificielle (IA) pour reconnaître les adventices et des systèmes de buses très réactifs pour pulvériser juste là où c’est nécessaire. Les promesses d’économies sont très séduisantes : jusqu’à 80 % en moins de produit !
Cibler uniquement les mauvaises herbes
Le grand principe de la pulvérisation ultra-localisée : cibler uniquement les mauvaises herbes pour réduire les quantités de produits appliqués. Basée sur des technologies de “reconnaissance optique”, la pulvérisation ultra-localisée distingue deux niveaux de “performance technologique”. Le premier consiste à “détecter du vert”, de la chlorophylle, et à appliquer un produit sur “sol nu” (principe on/off), le second niveau, vise au traitement sélectif des adventices au milieu de la culture.
Traitement sur sol nu : des offres commerciales existent
La détection “sur sol nu” est déjà mise en oeuvre et des offres commerciales existent. On peut notamment citer la technologie Amaspot (Amazone) qui équipe une rampe 24 m de capteurs (GreenSense) détectant la végétation. En émettant des infrarouges le capteur reconnaît la chlorophylle et l’information est envoyée à des buses PWM qui garantissent une grande réactivité (50 ouvertures et fermetures par seconde). Amazone annonce une précision centimétrique jusqu’à 20 km/h.
Une offre similaire est proposée par Trimble : le Weedseeker. Il se caractérise par sa conception monobloc intégrant l’unité de détection des adventices et la buse de pulvérisation. Dès la plante localisée sur le sol nu, la buse, positionnée 20 cm derrière le capteur, pulvérise le produit sur la cible. Plusieurs modules peuvent être assemblés : chacun balaye une bande de 30 cm de large.
Des ensembles adaptés aux grandes cultures, jusqu’à 40 m, existent en Australie, en Amérique du Sud. L’allure maximale de travail de 16 km/h.
En France, le Weeseeker est utilisé en viticulture et en arboriculture depuis plus de 10 ans !
A signaler, dans le cadre du projet RAP’ID, auquel sont associés la FRcuma Ouest et la Fédération des cuma Normandie Ouest (FCNO), le Weedseeker est actuellement en test à la station du SILEBAN (Gatteville – 50).
Identifier les adventices dans la végétation
Lorsqu’il s’agit de différencier les adventices en plein milieu d’une culture et aussi de les différencier entre elles, cela devient nettement plus complexe. Les technologies sont en cours de mise au point.
Comment ça marche ? Des caméras dont les images sont traitées en direct par des logiciels font appel à de l’intelligence artificielle. L’analyse instantanée permet d’appliquer la bouillie uniquement sur les adventices et de cartographier simultanément leur présence dans la parcelle.
La pulvérisation se fait via des buses à pulsation (PWM) à pilotage électrique individuel par solénoïde (électro-aimant). A terme, cela passera certainement par l’utilisation de systèmes d’injection directe, qui demeurent encore à mettre au point pour garantir une parfaite réactivité.
Parmi les offres technologiques, on retrouve notamment :
- Agrifac (groupe Exel) : AICPlus développé avec Bilberry (start up française)
- Kuhn I-Spray développée avec CarbonBee (start up française)
- Garford : rampe Robocrop SpotSpray, conçue pour éradiquer les repousses pommes de terre dans cultures d’oignons et de carottes
- Dilepix (start up française, basée à Rennes)
Le groupe Exel veut accélérer !
Fin 2019, le groupe Exel (Berthoud, Hardi, Tecnoma,… ) a créé Exxact Robotics, une “filiale destinée à accélérer la diffusion de ces technologies de pointe au sein du groupe”
Dans le cadre du projet RapID, la FRcuma Ouest et le SILEBAN ont pris contact avec Colin Chaballier, directeur de Exxact Robotics. Celui-ci est intervenu auprès des animateurs machinisme et des responsables professionnels de la FCNO à l’occasion de la Commission Agroéquipements qui s’est tenue le 21 février.
Pour Exxact Robotics, il s’agit de rendre opérationnelles aux champs ces technologies de pointe, de “faire de l’expérimentation terrain et créer des références” et bien entendu de “se faire connaître des réseaux de distributeurs et des réseaux d’agriculteurs”.
Pour l’instant, le groupe Exel dispose seulement de 2 machines (Berthoud) en France.
Compte tenu de la disponibilité de ces machines, organiser des essais terrain en Normandie ne sera pas envisageable à court terme. Cependant, des déplacements pour voir une machine au travail dans le secteur de Saumur (49) sont à programmer : en juillet pour de la pulvérisation sur chaume et en août-septembre sur colza.
Des expérimentations terrain dans les cuma normandes ? Oui, ce sera envisageable mais pas tout de suite, probablement en 2021. Dans le cadre du projet RAP’ID – Partenariat Européen pour l’Innovation (PEI) en Normandie
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