Semer son couvert d’été dans les 3 jours suivant la moisson : témoignage
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En réponse aux conséquences du changement climatique et aux étés de plus en plus secs, des questions se posent autour de la réussite des couverts végétaux d’été. Témoignage de Valéry Landeau, agriculteur dans le Maine-et-Loire qui pratique le semis de couverts dans les 3 jours suivant la moisson.
Photo : couvert semé derrière un blé le 3 août sur une parcelle limon hydromorphe sans caillou du Maine-et-Loire.
Valéry LANDEAU, agriculteur sensible au changement climatique et engagé en agriculture de conservation depuis plusieurs années, a adopté il y a 4 ans, une stratégie innovante de semis de couverts végétaux : il sème dans les trois jours suivants la moisson.
Motivation et Transition
Avant, Valéry ne semait pas de couvert et quand il a commencé à en semer, il attendait jusqu’au 15 août, espérant des pluies. Motivé par les étés de plus en plus secs et la volonté de réussir ses couverts végétaux, il a cherché des alternatives. C’est grâce à son groupe de progrès de la Chambre d’Agriculture, dont il est membre actif, qu’il a commencé à tester la stratégie de semer le couvert dans les 3 jours suivant la moisson.
Méthode de Semis
Valéry sème ses couverts en direct avec un semoir Weaving à disques inclinés, évitant ainsi le dessèchement causé par le déchaumage. Son couvert est un mélange de 9 espèces (féverole, tournesol, sorgho, lin, vesce, trèfle alexandrie, phacélie, radis chinois, moutarde – il recharge en féverole en octobre si nécessaire).
Analyse du peuplement à la levée au 7 septembre 2021, pour un couvert semé le 3 août
Observations agronomiques
- absence d’effets directs sur le couvert
- sol constamment couvert : réduit le réchauffement, évite l’érosion – surtout en cas d’orage et nourrit les organismes du sol
- l’humidité est un facteur crucial pour le succès des couverts (été 2021 🙂 vs été 2022 🙁)
Observations organisationnels
- nécessité de se presser pour semer derrière la moisson
Mode de destruction
Valéry détruit ses couverts avec un léger déchaumage au printemps avant d’implanter du maïs au strip-till. Attention, il ne faut pas que le couvert soit monté à graine donc surtout pas de sarrasin !
Réflexion et limites
Le ressenti de Valéry est mitigé concernant cette pratique. Bien que le couvert ne soit pas nécessairement mieux qu’un couvert semé plus tardivement, la stratégie permet de maintenir le sol couvert et d’atteindre certains objectifs agronomiques. Il note que la réussite des couverts repose principalement sur le choix des espèces et l’humidité.
Propos recueillis par Alexis Cochereau, animateur machinisme (49). Merci à Valéry LANDEAU pour son témoignage.
Travaux menés dans le cadre du projet Climatveg (2021 – 2025)
Dans le cadre du projet Climatveg, les réseaux cuma, GAB, CIVAM, Chambre d’agriculture PdL, APAD et Terres Inovia ont réalisé des suivis de parcelles à partir de l’été 2021 jusqu’en 2023. L’objectif est d’accompagner les agriculteurs dans leurs pratiques innovantes en lien avec la couverture des sols. 11 stratégies ont été identifiées dont 4 exploratoires. 25 parcelles par stratégie vont être suivies et 5 par stratégie exploratoire. Au total, 210 parcelles aux pratiques innovantes accompagnées.
Plus d’informations sur le projet Climatveg ici et plus d’informations sur les suivis de parcelles ici