MécaElevage saison 2023 – Épisode 2

  • Agroéquipement

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Optimiser ses charges opérationnelles grâce aux nouvelles technologies

Avec l’envolée des prix des matières premières (intrants, mécanisation, carburants), optimiser ses charges opérationnelles devrait devenir une priorité.
Pour permettre cette optimisation, le recours aux technologies d’agriculture de précision peut être un véritable levier. L’agriculture de précision c’est un ensemble de techniques et de pratiques visant à limiter l’utilisation directe d’intrants dans les parcelles agricoles.
Le champ de l’agriculture de précision est large entre collecte de données, outils d’aide à la décision, système de guidage, équipement avec coupure de section, etc. Une certitude: l’appropriation de ces technologies n’est pas toujours évidente et les bénéfices ne sont pas encore forcément clairs pour les agriculteurs.
Certaines de ces technologies permettent pourtant bien d’optimiser les charges.

“Éviter de travailler deux fois au même endroit, c’est un premier levier pour optimiser”
En l’absence d’un système de guidage GPS, les recouvrements peuvent être importants pour certaines opérations culturales. A titre d’exemple, une étude d’Arvalis a montré qu’en moyenne le recouvrement moyen est de 55 cm entre deux passages successifs sur travail du sol, soit 12 % de la surface de la parcelle.
Lors d’un déchaumage, minimiser le recouvrement grâce à un autoguidage GPS permet donc en théorie d’économiser 12% de carburant, d’usure du matériel et de temps de travail.

⇒ pour comprendre quel système de guidage utiliser en fonction de ses besoins
http://www.ouest.cuma.fr/sites/default/files/plaquette_agri-connecte_quel_guidage_5.pdf
http://www.ouest.cuma.fr/actualites/agriculture-connectee-du-gps-au-guidage-du-tracteur-loutil

“Apporter la bonne dose au bon endroit”
En utilisant des données collectées à partir de matériels sur le champ (GPS embarqué, station météo connectée…) ou par télédétection (images de drones ou de satellites), l’agriculture de précision prend en compte l’hétérogénéité intra-parcellaire. Cela permet de mieux connaître les besoins des cultures et d’ajuster ensuite les apports via une carte de modulation. Objectif : faire des économies et gagner en rendement.

Pour savoir plus sur la modulation intra-parcellaire de la dose d’engrais
http://www.ouest.cuma.fr/actualites/agriculture-connectee-la-modulation-intra-parcellaire-de-la-dose-dengrais
Pour savoir plus sur la modulation intra-parcellaire de la densité de semis
http://www.ouest.cuma.fr/actualites/agriculture-connectee-la-modulation-intra-parcellaire-de-la-densite-de-semis
 

Témoignage de Nicolas, chauffeur de cuma

Nicolas est chauffeur de la cuma des Granitiers à Plaintel (22). Il est aussi agriculteur et a commencé à pratiquer l’agriculture de précision il y a 6 ans. Grâce à son système de guidage, il peut gérer le recouvrement pour les semis, la fertilisation et la pulvérisation.

Pour Nicolas, la coupure de rangs et la modulation c’est de l’optimisation. A 3€ l’unité d’azote, il est impératif d’être vigilant aux pertes : « Si on recroise les apports, ce sont des unités perdues, qui ne seront pas assimilées par la culture. ».

Pour aller plus loin, les cartes de modulation permettent sur les apports azotés, d’ajuster ce qui est apporté à la culture en place en fonction des besoins connues. Dans certains cas cela permet de faire des économies, « Au pire je ne perds pas d’argent. Et au mieux, j’en gagne. En terme social et environnemental c’est que du positif, on limite au maximum les fuites d’azote », témoigne Nicolas.

Une fois que le distributeur à engrais est équipé pour faire de la coupure de tronçon, que le tracteur est équipé d’un système de guidage, il ne manque plus qu’un abonnement chez un fournisseur de carte pour faire de la modulation de dose.

Un investissement en matériel … et puis c’est tout ?

Pour Nicolas, tout le monde peut faire de la modulation de dose, à condition d’avoir une certaine appétence pour les technologies et le numérique.  Il ne cache pas que des problèmes, des bugs, il en rencontre. C’est souvent des problèmes informatiques, il faut l’accepter et aimer ça pour ne pas perdre patience, « Plus on en fait, plus c’est facile ».
C’est beaucoup plus difficile de se rappeler comment on fait quand on l’utilise seulement 1 ou 2 fois par an que quelqu’un qui va l’utiliser tous les jours. Il y a là une vraie compétence que les chauffeurs de Cuma pourraient bien s’emparer. 

Qu’y gagnent les adhérents ?

D’un point de vue sociétal et environnemental cela permet de dire qu’on épand de l’engrais en fonction des besoins de la culture, et donc de limiter les pertes.
D’un point de vue économique, il n’y a pas d’assurance que cela va marcher. Le gain se joue sur quelques quintaux et sur les économies qui peuvent être réalisées.

« Au pire je n’ai rien dépensé de plus » 

L’expérience de Nicolas, sur la dernière campagne de blé.

Sur une parcelle de 25 ha de blé, la modulation au dernier apport lui a fait épandre uniquement sur 16ha. Il a ainsi économisé 1, 2 tonne d’azote. Il confirme que dans ce cas-là il a gagné de l’argent. En épandant la dose « normale » de 30uN/ ha de façon homogène, il y aurait eu un risque de verse.
« Ce n’est pas une assurance mais tu te dis que tu fais du mieux que tu peux. »
 

Le dernier mot de Nicolas :

« Attention, ce n’est pas un miracle, tu ne vas pas gagner 10qt ni diminuer tes charges opérationnelles de 10%, c’est juste de l’optimisation ! Mais c’est de l’optimisation qui ne te coute pas grand-chose. L’investissement est peu élevé. »

Convaincu que cette agriculture fait partie de l’avenir, Nicolas témoignera de son expérience en tant que chauffeur de cuma lors de l’atelier « La précision, on y gagne ! ».