Innovation agricole : un rapport de la Cour des Comptes qui remet en avant le bénéfice du collectif

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Paru en plein salon de l'agriculture, le rapport de la Cour des Comptes sur l'innovation agricole remet en avant le rôle des collectifs en agriculture que ce soit dans les politiques publiques, le conseil ou encore la recherche.

rapport cour des comptes

Le rapport est disponible sur le site de la cour des comptes, en version synthétique et en version complet

Des aides publiques qui favorisent le statu quo notamment sur le volet agroéquipements

« La politique publique autorise, voire encourage des pratiques défavorables à l’appropriation des innovations nécessaires à la transition agéroécologique, qu’elle appelle pourtant de ses voeux.[…] L’un des exemples les plus significatifs est celui des agroéquipements […].  Ce « suréquipement » résulte notamment de la politique publique, qui alimente la demande grâce à de nombreuses aides aux investissements, dont le bénéfice pour les agriculteurs est discutable ». La Cour des Comptes étrille également la fiscalité.

Ce développement fait écho aux éléments du plaidoyer mécanisation responsable du Réseau Cuma paru en septembre 2024 .

Des services de conseil qui peinent à répondre aux besoins de l’agriculture, la Cour des Comptes pointe le bénéfice du conseil collectif notamment via les Cuma

« Dispensé sous la forme de « formation et visite », le conseil descendant a montré ses limites : inefficacité dans les zones à faible potentiel agricole, difficulté à traiter des problèmes complexes, incapacité à impulser une approche globale, effets contre-productifs sur l’utilisation des ressources ou des intrants, etc. Bien que le conseil descendant soit encore dominant, des démarches plus participatives se développent. Elles prennent la forme d’un accompagnement personnalisé de l’agriculteur pour l’aider à gagner en autonomie, l’appuyer dans ses apprentissages et ses réflexions et réduire son appréhension au changement. […] Ainsi, le conseil spécifique lors l’achat d’agroéquipements est souvent insuffisant pour permettre aux agriculteurs d’utiliser l’intégralité des fonctionnalités ou d’optimiser l’utilisation des équipements. Pour pallier ces lacunes, certains collectifs se sont impliqués dans des démarchés d’optimisation, à l’instar des coopératives d’utilisation de matériel agricole où, grâce à la présence de conseillers en machinisme, les agriculteurs réalisent des économies de carburants grâce à un réglage optimisé des moteurs. De façon générale, les agriculteurs travaillant en collectif sont mieux accompagnés et conseillés que les autres, avec des effets visibles. »

La sous-utilisation des collectifs par les pouvoirs publics

« Les collectifs d’agriculteurs assurent l’accompagnement personnalisé de leurs membres, tout en soutenant la diffusion des innovations entre exploitations au sein d’un territoire. Cet ancrage territorial a l’avantage de faciliter l’adoption des innovations et, plus encore, de la combinaison de plusieurs d’entre elles, au contexte pédoclimatique et aux objectifs de performance économique de chaque exploitant. Il favorise également la circulation et l’appropriation des innovations issues du champ. Les collectifs renouvellent régulièrement leurs composition, thématiques et projets. Les agriculteurs « innovants » se retrouvent souvent dans des collectifs successifs, pour tester une nouvelle pratique ou accéder à un nouveau financement.

Ils adhèrent le plus souvent à plusieurs collectifs, ce qui peut fausser les chiffres sur le nombre de collectifs ou d’agriculteurs concernés. Parmi les collectifs d’agriculteurs, les organismes nationaux à vocation agricole et rurale contribuent activement à la diffusion de bonnes pratiques et la promotion de l’innovation. Ils offrent un soutien technique aux agriculteurs et, au-delà, aux acteurs du monde rural. Du fait de la spécialisation de chaque ONVAR, la quasi-totalité des agriculteurs adhèrent à un ou plusieurs d’entre eux. Les ONVAR aident les agriculteurs à faire face aux nouvelles tâches engendrées par l’introduction de certaines innovations. Ils animent des systèmes d’entraide, mutualisent les connaissances, les expériences, le matériel. Leur valeur ajoutée dépend de la capacité des acteurs territoriaux à se coordonner.

Les échanges entre ONVAR et ceux entre les ONVAR et les autres acteurs, tels les chambres d’agriculture ou les ITA, tendent à augmenter. Le programme « Recoltera » en est un bon exemple. Représentant les différentes sensibilités au sein du monde agricole, les ONVAR sont reconnus et financés par le ministère de l’agriculture via le compte d’affectation spéciale pour le développement agricole et rural sur la base d’un programme pluriannuel présentant un intérêt dans le cadre de la politique du ministère.

[…] Les collectifs labellisés (GIEE, Dephy, groupes 30 000, GO PEI) bénéficient de financements pour leur animation. Les autres ne sont pas soutenus par la politique publique (exemple des groupes de développement, dont un millier environ sont animés par des chambres d’agriculture) et sont portés par des structures de développement agricole (chambres d’agriculture, ONVAR). […] 00, Dephy…) jouent un rôle modeste dans la prise de décision des exploitants sur l’adoption des innovations. Ce résultat n’est pas lié au collectif en lui-même, mais s’explique par le faible nombre d’agriculteurs concernés. Selon Chambres d’agriculture France, les collectifs touchent entre 5 et 10 % des agriculteurs, ce qui correspond aux chiffres du sondage. Parmi les ONVAR, le rôle des coopératives d’utilisation de matériel agricole est important dans la prise de décision (31 %) ».

Des agriculteurs pionniers moins soutenus que dans d’autres secteurs d’activité 

« Dans le domaine agricole, à la différence de la plupart des secteurs économiques, il est souvent difficile, au niveau des exploitations, de »séparer les activités de conception financées par le CIR et celles de maturation, qui relèvent du CII. Pour cette raison, Les exploitations se prêtent mal aux cadres d’éligibilité. Les demandes de CIR et de CII sont en hausse, mais de nombreux dossiers sont encore refusés. S’ajoutent pour les agriculteurs les mêmes difficultés que celles des autres entreprises de petite taille, qui disposent rarement des ressources administratives et financières pour le montage de dossiers et le suivi. L’engagement des dépenses préalable au crédit d’impôt peut aussi se heurter à la capacité financière des exploitants, qui hésitent d’autant plus qu’ils craignent de voir leur demande rejetée. »