De la théorie au terrain : les salariés de cuma apprivoisent l’agriculture de précision

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Jeudi 4 décembre, la cuma du Bocage Nantais a accueilli dix salariés des cuma des Pays de la Loire pour une journée de formation dédiée à l’agriculture de précision. Au programme : GPS, autoguidage, outils connectés…


Une journée dense, animée par Ludovic Patte (Terrena) et organisée par Samuel Nicolas (Union des cuma des Pays de la Loire), où chacun est venu avec ses questions… et avec sa réalité du terrain : des consoles différentes, des matériels variés, et autant de situations particulières que de cuma.

« Le RTK, c’est pas juste du luxe, ça change vraiment notre travail »

La matinée a remis de l’ordre dans les fondamentaux : GPS naturel, DGPS, RTK… Une clarification très attendue. « On savait qu’il y avait différents signaux… mais on ne savait pas toujours lequel utiliser. Là, c’est clair. »

Comprendre la précision réelle du signal aide à choisir le bon niveau selon le chantier : semis, binage, fertilisation ou simples travaux de déchaumage.

Autoguidage : entre réglages pointus et réalités du terrain

Le sujet qui fait parler : les paramétrages de l’autoguidage. Agressivité et sensibilité : ce sont les paramètres de l’orbitrol.

“Avant, je n’osais pas trop toucher… maintenant je comprends ce que ça peut changer” 

Mais une difficulté revient dans tous les échanges :  la diversité des consoles, des marques, des menus… D’un tracteur à l’autre, d’une cuma à l’autre, tout change. « Ce qu’on a vu, ça nous aide… mais on a du John Deere, du Fendt, du Claas… et jamais deux consoles pareilles ! » souligne un autre.

Tracer des lignes de guidage, les partager entre plusieurs utilisateurs, les récupérer pour les réutiliser plus tard… autant de pratiques essentielles mais pas toujours simples à harmoniser.

Coupure de sections et Isobus : “On en fait déjà, mais pas toujours comme il faut”

La formation a rappelé que l’agriculture de précision existe déjà dans les cuma. Et cela commence souvent par la fonctionnalité de Section Control (SC) des outils ISOBUS. Des coupures de sections sur semoirs, sur pulvérisateurs, sur épandeurs.

“ Notre épandeur peut moduler… et on ne l’utilise pas encore ! »

L’après-midi, place au concret sur les tracteurs de la cuma. Sous l’oeil de Ludovic Patte, les salariés manipulent les consoles de deux tracteurs de la cuma respectivement attelés à un pulvérisateur et à un épandeur d’engrais minéral.

Pour l’épandeur Kverneland, c’est un modèle Hi Tech. L’outil est capable de moduler la dose d’engrais en fonction des besoins réels en azote des cultures de blé, d’orge et de colza… Mais, c’est presque la surprise du jour : cette fonctionlité est complètement inutilisée. Pourtant la cuma l’a payée.

« C’est dommage… nous on serait prêts à s’y mettre ! »
explique un salarié. Reste à embarquer les adhérents pour qu’ils nous transmettent leurs cartes de modulation”.

Dans le groupe, une seule cuma pratique actuellement la modulation de l’azote minéral. “Une fois que l’on s’y est mis et que l’organise la transmission des fichiers entre agriculteurs et salariés, ça marche très bien” précise Arnaud, chauffeur de la cuma de Boivre.

Beaucoup de matériels, beaucoup de marques… et un vrai besoin d’aller plus loin

La journée a mis en lumière un point clé : 👉 la diversité des matériels et consoles dans les cuma rend difficile un apprentissage “généraliste”.

Chaque groupe a ses spécificités : Trimble, John Deere, Müller, Isobus ou pas, matériel récent ou plus ancien… Une vraie mosaïque. « Impossible de tout voir en une journée. On a besoin d’approfondir selon ce que chacun utilise réellement ».

Entre frustrations techniques, découvertes et enthousiasme, la journée a montré deux choses :

Les salariés veulent progresser et savent où sont leurs besoins. L’approfondissement devra se faire par équipement, en petits groupes.  Des sessions en petits groupes, centrées sur un équipement précis :

Comme l’a résumé un participant : « On a les bases. Maintenant,il faut continuer, mais machine par machine. » .


Orbitrol : les deux réglages clés expliqués simplement

🔧 1. Agressivité d’acquisition de ligne

À quoi ça sert ?
→ Détermine à quelle vitesse la machine rejoint la ligne de guidage.
À augmenter si le tracteur met trop de temps à se réaligner.
À réduire si la machine arrive trop vite sur la ligne, dépasse ou commence à serpenter.
Dépend fortement de si l’outil est porté ou traîné, de la vitesse de manœuvre (lent/rapide).

🔧 2. Sensibilité en ligne

À quoi ça sert ?
→ Définit la réaction de la machine aux dérives quand elle est déjà sur la ligne.
À augmenter si le tracteur oscille lentement, s’il ne tient pas parfaitement la trajectoire.
À réduire si le tracteur “gigote” sur la ligne.
Influencé par le type d’outil, la vitesse d’avancement, les outils frontaux, la nature du terrain (labour, lit de semence, pâture…).

Retrouvez la cuma du Bocage Nantais sur MyCumaLink https://link.mycuma.fr/cuma/34700


Cette formation sur l’agriculture de précision s’inscrit dans le projet AgrOOp,  – accélérer la transition agro-écologique grâce à la mise en œuvre Collective de l’Agriculture de Précision , visant à déployer des solutions technologiques innovantes au sein des cuma. Ce type d’initiative participe pleinement à l’évolution des pratiques agricoles, en répondant aux enjeux techniques et agro-écologiques.

AgrOOp est financé par le Casdar et porté par les FR CUMA Occitanie et Ouest.

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