Changement climatique : préparez-vous à trinquer au vin breton !
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Le 29 novembre 2024, Serge Zaka, agroclimatologue reconnu, était invité par le CETA 35 pour animer une conférence captivante sur les impacts du changement climatique. Cet événement a offert des clés de compréhension précieuses sur les défis et les évolutions attendues pour l’agriculture dans l’Ouest, avec un focus particulier sur la Bretagne. Le réseau cuma s’intéresse de près à ces enjeux afin d’œuvrer activement pour l’adaptation et l’atténuation du changement climatique, en accompagnant les agriculteurs vers des solutions concrètes et durables.
Graphique tirée de la conférence : évolution de la biogéographie des cépages de 1960 à 2100 pour la ville de Rennes (35)
Une accélération des phénomènes climatiques extrêmes
L’année 2022, autrefois qualifiée d’exceptionnelle par ses vagues de chaleur et sécheresses, pourrait devenir la norme en 2050. En Bretagne, bien que les précipitations annuelles demeurent globalement stables, leur répartition saisonnière change : des excès d’eau hivernaux et des étés très secs.
Des cultures en mutation : vers une nouvelle géographie agricole
Avec le réchauffement, le climat breton évolue et favorise certaines cultures tout en menaçant d’autres. Par exemple, la vigne et la tomate trouvent un terrain favorable en Bretagne, signalant un potentiel pour le maraîchage et la viticulture. En revanche, certaines cultures traditionnelles, comme le maïs grain, pourraient rencontrer des difficultés sans irrigation.
Les impacts sur l’élevage et la gestion de l’eau
Sur la prairie, on observe une avancée de la reprise printanière et un recul de l’arrêt automnal, modifiant ainsi les cycles de végétation et la gestion des prairies.
Par ailleurs, la gestion de l’eau devient un enjeu prioritaire face à la simplification des paysages agricoles qui favorise le ruissellement. Complexifier ces paysages, notamment via l’arboriculture et le maraîchage, pourrait améliorer l’infiltration et la rétention de l’eau.
Des opportunités dans l’ombre des défis
Paradoxalement, l’augmentation de CO2 peut stimuler la photosynthèse et, dans les régions disposant de sols chargés en eau comme la Bretagne, entraîner des gains de rendement. Cependant, cette dynamique reste conditionnée à une gestion optimale de l’eau et des sols, ce qui nécessite des stratégies adaptatives et collectives. En revanche, dans les régions plus au sud, l’effet des sécheresses devient prédominant, ce qui impacte fortement le rendement du blé tendre.
Carte tirée de la conférence, “Projection du rendement du blé tendre d’hiver en Europe en non irrigué” – source : figure du 6ème rapport du GIEC
Vers une réflexion collective et proactive
Alors que le climat continue de remodeler l’agriculture, il est nécessaire que les acteurs du monde agricole travaillent ensemble pour transformer ces défis en opportunités.