Avancer en groupe pour produire, récolter et trier des semences prairiales adaptées à ses terres
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Alors que la prairie constitue les trois quarts de sa sole, le GAEC du Chemin Noir choisit de cultiver la plupart de sa semence. Le tri des lots de fétuque élevée, de trèfles violets et blancs est une étape cruciale de cette production.
La récolte et le tri sont des questions particulièrement complexes qui se posent à l’éleveur qui cultive ses semences prairiales. Ce sont en même temps des étapes déterminantes pour la bonne qualité des semences.En Vendée, le GAEC du Chemin Noir peut en témoigner. Il produit des semences de fétuque élevée, de trèfles violets et blancs.
L’exploitation compte 215 ha au total dont près de 75 % sont en prairies. Les semis de prairies se font en grande partie avec des graines autoproduites avec l’objectif de récolter des graines qui correspondent bien aux terres.
Pour la fétuque, la récolte a lieu en juillet sur une zone bien fournie, une fois qu’elle est montée. Les rumex et autres adventices sont arrachés à la main pour éviter les contaminations de la parcelle. Les graines sont séchées quelques jours sur une plateforme bétonnée. Elles sont ensuite nettoyées grâce un moulin à venter motorisé.
Pour les trèfles, la récolte se fait vers la mi-août. La parcelle est d’abord fauchée pour laisser les plantes sécher environ 48 h. Le matin suivant l’herbe est andainée et la moissonneuse batteuse passe l’après-midi en pleine chaleur. Des doigts releveurs sont installés sur la coupe afin de reprendre l’andain plus facilement. Sur la moissonneuse, les réglages sont notés pour les retrouver d’une année sur l’autre. Les graines passent ensuite dans un nettoyeur séparateur de l’exploitation.
Une fois triées, les semences sont stockées dans d’anciens congélateurs. Le matériel (trieurs et moissonneuse batteuse) est toujours sur la ferme qui a aussi une production de cultures de vente. Cela permet d’être réactif lorsque les graines sont prêtes à être récoltées.
Si d’un point de vue production, le GAEC travaille relativement seul pour le moment, il participe depuis 2 ans au groupe « semences » du GRAPEA pour partager les expériences. Cette démarche s’intéresse aux techniques et elle a déjà permis de produire des fiches ressources détaillant les expériences réussies comme celle du GAEC du chemin noir. Ces fiches se veulent utiles pour ceux qui voudraient s’essayer à la production de semences. Ces travaux pourront aussi permettre de mutualiser des moyens, y compris pour des matériels achetés en commun ou mis à disposition pour la récolte, le tri, le séchage, le stockage…
“En 2021 nous avons moissonné environ 300 kg de trèfle violet, 120 kg de trèfle blanc et 300 kg de fétuque, soit de quoi couvrir une grande partie de nos besoins. À l’achat, des semences fourragères bio reviennent aux alentours de 150 à 250 €/ha. Comme nous ressemons généralement 20 à 30 hectares de prairies, les économies réalisées sur l’achat compensent largement le temps passé.” (Guillaume Cousineau, associé du GAEC du Chemin noir)
En Vendée, le GRAPEA CIVAM anime depuis 2 ans un groupe, dont le GAEC du Chemin Noir fait partie, qui travaille sur le développement de semences paysannes d’espèces prairiales. Ce projet s’inscrit dans le programme CLIMATVEG Pays de la Loire Bretagne, qui s’intéresse à la transition et la durabilité des systèmes de productions végétales face au changement climatique. Le groupe est aussi partie prenante du projet TRIAGE, que finance la fondation CARRASSO .
Le projet Tri’AGE (Tri, Autonomie, Groupes & Echanges) est un projet soutenu par la fondation Daniel et Nina Carasso dont l’objectif est de favoriser l’émergence des dynamiques collectives autour du tri en facilitant les échanges entre agriculteurs via des visites et des journées d’échanges. Une lettre d’info et un centre de ressources sont également réalisés par les partenaires cuma, civam, bio et ceta.
Lionel Magnin et Adrien Lalloué, FRCIVAM Pays de la Loire
avec le soutien de
