Récolter son sorgho fourrager en ensilage

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Qui dit fin de l’été, dit récolte du sorgho fourrager. Depuis quelques années, de plus en plus de questions se posent autour de la culture du sorgho fourrager. En effet, en réponse au changement climatique, la substitution du maïs par le sorgho séduit de plus en plus d’agriculteurs. Dans un contexte de popularité croissante, jetons un coup d'œil sur le volet récolte !

Le sorgho, prôné comme une des solutions pour répondre aux enjeux climatiques ? 

Au cœur de l’actualité agricole, le changement climatique et ses impacts sur les systèmes de production. Les épisodes de canicule, de plus en plus fréquents, posent question sur l’avenir du maïs : le manque d’eau et les températures supérieures à 30-35°C provoquent l’arrêt de son développement. Une des solutions mise en avant : le sorgho. 

Originaire d’Afrique, le sorgho est très tolérant à la sécheresse : il est notamment capable de poursuivre sa croissance à des températures allant jusqu’à 40°C. Bien qu’intéressant pour relever les défis climatiques, le potentiel de rendement est généralement inférieur au maïs surtout quand ce dernier est irrigué. C’est une des raisons avancées lorsque l’on dit que le sorgho ne peut pas complètement remplacer le maïs. A cela viennent s’ajouter les difficultés de conduite, notamment sur le volet récolte.  Il constitue néanmoins une alternative pertinente dans certaines conditions pédoclimatiques et il est donc nécessaire de caractériser ces difficultés pour limiter les échecs. 

L’ensilage de sorgho, c’est comme le maïs ? 

Ensileuse avec bec à maïs, 400 à 500 cv pour un bec de 8 rangs. Les quatres roues motrices sont un atout si la récolte s’effectue en conditions humides, ce qui est souvent le cas dans certains secteurs. 

Il n’est pas nécessaire d’éclater les grains, qui sont de petite taille. Deux possibilités en découlent au niveau de l’éclateur : 1) Idéalement, il faut le retirer. Sa présence peut d’une part, ralentir le flux de fourrages et donc diminuer le débit de chantier et d’autre part, causer de l’usure inutilement par la présence de terre ou autre, surtout si les conditions de récolte sont versées. 2) Dans le cas où les chantiers de maïs et sorgho s’intercalent ou que la surface à récolter en sorgho est petite, il est possible d’éviter le retrait en le desserrant au maximum.

En général, il n’est pas nécessaire de toucher aux couteaux. Si la taille de coupe recherchée est plus élevée que 20 mm, il est possible de retirer un couteau sur deux. 

Ils peuvent être  nécessaires lorsque le sorgho est versé. ​​

Il est préconisé de ramasser par temps sec, de préférence l’après-midi en l’absence de rosée afin d’éviter que le fourrage ne colle et bouchonne à l’entrée du bec. 

Le sorgho est une culture où le risque de verse est présent. Une tige tendre soutient un lourd épi à sa cime : lors d’intempéries, la plante ne résiste pas et se retrouve tapis au sol. Dans ce cas, il est préconisé de ramasser uniquement dans un sens et de baisser la coupe pour couper au plus près de la terre que possible. Dans des situations extrêmes, il est possible d’utiliser une faucheuse avant de ramasser avec un pick-up à herbe.

De part sa forte teneur en eau, le silo est facile à tasser et sa forte teneur en sucre est un facteur favorable à la fermentation du silo. Seul bémol : la perte de jus. Pour les limiter, il convient de veiller à récolter à maturité.

Et c’est comment sur le terrain pour les chauffeurs de cuma ?  

Nous avons interrogé plusieurs chauffeurs ou responsables de cuma des Pays de Loire ayant réalisés des chantiers d’ensilage de sorgho en 2021. L’objectif est d’identifier les conditions requises et les techniques à mettre en place pour faciliter l’opération de récolte. 

En bonnes conditions, la récolte en ensilage reste assez proche de l’ensilage de maïs avec les becs rotatifs classiques, sans l’action de l’éclateur.  Les  difficultés remontées sur les chantiers de récolte sont essentiellement dues à des soucis de bourrage au niveau de la tête de récolte. Deux causes ont été identifiées : 1) gestion complexe du désherbage, pouvant engendrer un salissement important et générer un encombrement et des blocages des becs rotatifs, 2) ramassage en conditions versées, étant donné que la culture se ramasse plus tard dans la saison par rapport au maïs, elle subit parfois des mauvaises conditions météo automnales. La culture restant verte, la plante versée est lourde et peut avoir du mal à monter dans la machine. Ils ont confirmé la facilité de tassement au silo et les pertes de jus.

De nouveaux chantiers de récolte vont être suivis en 2023. Une analyse plus détaillée de ces suivis de chantier sera effectuée, affaire à suivre… 

Travaux menés dans le cadre du projet Climatveg (2021 – 2025)

Le projet ClimatVeg porte sur la transition et la durabilité des systèmes de production végétale face aux changements climatiques à l’échelle des régions Bretagne et Pays de la Loire. En collaboration avec Arvalis (pilote de la tâche), Seenovia, la coopérative d’Herbauges et Végépolys Valley, le réseau cuma travaille sur les questions d’intégration des sorghos fourragers dans les systèmes de production de l’Ouest afin de sécuriser la production estivale. Ce projet est soutenu par le Conseil régional de Bretagne et Pays de la Loire. 

Plus d’informations sur le projet en suivant ce lien : https://www.vegepolys-valley.eu/projet-climatveg/ 

Auteur.rices : Augustin FOUILLET et Michel SEZNEC (Union des cuma Pays de la Loire), Manon LEBRUN (FRCUMA Ouest)