Sécurité et résilience, les clés du succès des coopératives agricoles et des Cuma

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Au-delà des services rendus tels que la mutualisation des risques, la sécurisation des revenus et l’accompagnement dans les transitions, l’engagement coopératif joue un rôle primordial dans l’entretien du tissu social agricole et la dynamisation des territoires.

Marine BOYER

Agricultrice, trésorière de Cuma, administratrice de la fédération départementale des Cuma de L’Aveyron

Quels sont les principaux facteurs qui vous ont motivé à choisir une installation en collectif plutôt qu’en solo ?

Après des études en informatique, j’ai eu envie de revenir à l’agriculture. Mon conjoint et moi avions initialement prévu de nous installer chacun de notre côté. C’est une opportunité d’accès à du foncier qui nous a ouvert la possibilité de nous installer en collectif. Par collectif, j’entends d’une part le fait de travailler à plusieurs sur l’exploitation, d’autre part le fait d’adhérer à une structure coopérative avec d’autres agriculteurs.
Les critères qui ont pesé dans ce choix sont de différentes natures.

En premier lieu, nous avons considéré que cela nous permettrait de faciliter le travail par une meilleure répartition des tâches et de dégager du temps pour les loisirs (essentiellement sport, amis, sorties culturelles…).

Ensuite, être en collectif offre la possibilité d’être en interaction régulière avec d’autres agriculteurs et de maintenir des liens sociaux à une époque où les agriculteurs sont de plus en plus isolés.

Par ailleurs, étant très concernés par les enjeux écologiques, nous avons considéré que s’installer en commun nous permettrait de limiter notre impact environnemental.

Enfin, le fait d’adhérer à une Cuma revêt un fort intérêt économique puisque cela permet de réduire significativement les charges de mécanisation en réduisant les investissements dans les agroéquipements.

Le choix de l’installation en Cuma en Aveyron est assez naturel, surtout quand on est issu de familles d’agriculteurs. Mais je n’avais pas mesuré tous les à-côtés. On avait bien sûr conscience de la dimension économique, mais on n’avait pas envisagé la mutualisation de la main-d’œuvre, ce qui a été un plus, ainsi que la dimension sociale : la Cuma m’a permis de m’intégrer au territoire. M’impliquer dans le fonctionnement de la Cuma m’a permis de me rendre légitime et de me faire connaître de mon entourage.

Quels bénéfices et quels intérêts spécifiques êtes-vous venus chercher en coopérative ?

En plus de tous les éléments que j’ai cités précédemment, le partage des risques est un critère prédominant. Du fait de la diminution régulière du nombre d’exploitants agricoles, l’agriculture est un métier qui isole.

Être adhérent de coopérative permet de bénéficier d’échanges entre pairs. Ces échanges permettent de se réassurer quand il faut faire des choix risqués en matière d’investissements, qu’ils soient d’ordre matériel, d’évolution des pratiques, etc.

Au niveau de votre coopérative, quels sont les services déterminants pour vous accompagner dans votre prise de décision ?

Dans la prise de décision, la fédération des Cuma a un rôle déterminant. L’animatrice vient à notre rencontre à plusieurs moments de l’année, quatre ou cinq fois par an.
Elle vient nous conseiller sur la gestion de la Cuma, elle nous accompagne sur nos projets (par exemple, un projet de création de service de désileuse automotrice a fait l’objet de débats dans le groupe et elle nous aidés à faire émerger la décision). Le rôle de l’animatrice est vraiment un rôle d’accompagnement : on a accès à des comparatifs sur plusieurs services existant déjà dans d’autres Cuma, une proposition d’un chiffrage pour nous aider à nous projeter, des exemples d’organisations sont aussi présentés.

La fédération de l’Aveyron est conséquente et dispose de plusieurs animatrices, animateurs et experts.
Si nous la prévenons en amont des réunions, notre animatrice peut mobiliser l’expertise de ses collègues pour répondre à nos questions sur des sujets spécifiques.

Pouvez-vous nous parler de votre expérience personnelle concernant votre participation au(x) projet(s) collectif(s) de votre coopérative ?

Nous avons réalisé un Dispositif National d’Accompagnement (DiNA) Gouvernance pour accompagner la réflexion au renouvellement des responsables dans notre Cuma. Mon rôle est un peu de « bousculer » les anciens, qui ont été à l’origine de la création de la Cuma, et qui ont un peu de mal à transmettre « leur bébé ».

Je suis impliquée dans plusieurs Cuma de mon territoire, je suis trésorière de l’une d’elles, et administratrice d’une autre. Comme je l’ai indiqué précédemment, cet investissement a contribué à la reconnaissance de ma légitimité en tant qu’agricultrice.

Cette interview a été réalisée dans le cadre de la rédaction des Cahiers du développement coopératif.

La Coopération Agricole publie avec la FNCuma, le 8ème numéro des Cahiers du développement coopératif, dans le contexte de l’Année Internationale des coopératives 2025.

Fruit d’un travail de rédaction commune, ce numéro met en avant les coopératives, le collectif, la solidarité du monde agricole et permet d’amener des pistes de travail et de réflexion sur l’avenir du modèle coopératif et ses nombreux défis.

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